Lettre d'une mère à son fils.

Cher Fils,

               Je mets la main à la plume, la plume de l'encrier,

l'encre sur le papier, le papier dans l'enveloppe. L'enveloppe dans la boîte aux lettres du facteur - puis à toi.

Pour te dire que nous sommes guéris depuis que tu es parti, on s'aperçoit que tu n'es plus là.

Hier c'était la fête au village. Il y avait une course à l'âne. Monsieur le Maire a dit dommage que tu n'étais pas là, certainement que tu aurais gagné.

Il y avait aussi le marché aux cochons, nous avons bien pensé à toi. Ton frère se marie avec la femme que tu connais bien, celle qui nous à tant fait rire pour l'enterrement de ta soeur.

J'espère que tu seras un bon soldat comme ton père qui a eu les pieds gelés en 1914 par un éclat d'obus.

En attendant, je t'envoie un mandat de 50 francs en cachette de ton père qui n'est pas là et qui le portera à la poste. Avec ce que tu gagnes au régiment, tu pourras aller tous les jours au bistrot, attention, ne te saoule pas.

Mais surtout, n'emploie pas ton argent à entretenir des femmes. Je t'envoie des chemises faites avec les vieilles de ton père, si tes chaussettes sont déchirées, envoie moi les trous afin que je puisse les raccommoder.

Tu nous dit que tu es malade si ça ne va pas mieux, viens donc mourrir à la maison, çà nous fera plaisir.

Il y a eu une maladie dans les bêtes à cornes, nous avons eu peur pour ton père, qui eu la fièvre aphteuse et ton frère qui est malade.

A part ça tout va bien à la maison, si non que le chat vient de crever.

Je te souhaite que ma lettre te trouves de même.

Ta vieille.